jeudi 18 février 2010

Comparatif insolite: Mercedes 300 SLR LM 1955 Scalextric contre Abarth Assetto Corse Racer

A l’essai aujourd’hui ces deux modèles radicalement différents mais qui ont pour point commun de convaincre là où l’on ne les attendait pas, et de décevoir là ou on les attendait.

La Mercedes est un modèle tragiquement célèbre puisqu’il s’agit de la voiture sœur de la 300 SLR qui tua près de quatre-vingt personnes lors des 24 Heures du Mans 1955. Elle est proposée par Scalextric pour un prix flirtant avec les 45 Euros chez la plupart des revendeurs, ce qui la situe dans la tranche tarifaire des Slot.it, alors qu’elle ne bénéficie pas de l’équipement racing qui caractérise ces dernières et que la valeur de revente en occasion des Scalextric est quasiment nulle. Il faudra débourser plus du double pour acquérir l’Abarth 500 Assetto Corse, soit plus de 100 Euros. Le modèle est certes moins cher que les Racer traditionnelles, bien que fabriqué comme elles à la main, mais sa finition approximative est impardonnable pour un modèle de ce prix. Bref, ces deux modèles ne se distinguent pas franchement par leur rapport prix/prestations. Voyons cependant ce qu’il en est derrière la gâchette.

Racer SL02 G: Abarth 500 Assetto Corse
Scalextric C3024: Mercedes 300 SLR Le Mans 1955

Mercedes 300 SLR Scalextric: une teutonne haute sur pattes
Originale, c’est ce que l’on se dit à la vue de la mécanique de la Mercedes 300 SLR Scalextric. Curieusement, le moteur prend place à l’avant, et se retrouve décalé, ainsi que la couronne, sur le côté gauche du châssis, juste devant l’habitacle. Il côtoie l’installation électrique qui assure l'éclairage à l'avant et à l'arrière. Côté carrosserie, si la fidélité de reproduction et la qualité de peinture et de tampographie sont sans reproches, il n’en est pas de même pour le collage des phares avant, qui a laissé de disgracieuses traces blanches sur le bloc optique gauche de notre modèle d’essai. L'architecture asymétrique du châssis laisse présager du pire quant au comportement routier, l’équilibre des masses se retrouvant péjoré. Ce d’autant plus que cette 300 SLR est haute sur pattes et campée sur des jantes et des pneus étroits. Nous allons voir que ces craintes ne se vérifient pas totalement sur la piste. Mais avant de rouler, il faut encore ôter l'aimant, opération qui se révèle fastidieuse. Une fois les six vis fixant la carrosserie retirées, il faut en effet encore désolidariser l’habitacle - retenu par deux vis supplémentaires - du châssis pour accéder à l’aimant afin de l'enlever.

L'architecture du châssis de cette 300 SLR est atypique.

Great fun!
Ceci fait, notre 300 SLR foule enfin le plastique de notre piste Carrera d’essai. Et là étonnamment, c’est "great fun", comme dirait Vincent Price. Sous 12 volts, le modeste Mabushi est amplement suffisant pour propulser les 69 grammes de l’engin. Ce d’autant plus que l’adhérence des pneus très étroits n’est pas optimale. Qu’importe, le plaisir est au rendez-vous! La voiture chasse du train arrière mais les travers restent contrôlables si l'on ne pilote pas comme un bourrin. Car cette Mercedes s'avère exigeante à maîtriser si l'on veut éviter les tonneaux, qui surviennent immanquablement dans les appuis à trop haute vitesse. En effet, comme il est impossible de desserrer la carrosserie pour gagner de la souplesse en virage - les sorties d'échappement latérales interdisent tout tilting -, la 300 SLR se révèle très sensible aux changements de cap. Dès lors, pour l'empêcher de décrocher en entrée de virage, il faut aborder les courbes à faible vitesse, et réaccélérer progressivement dans le virage en maîtrisant la dérive. Avec la pratique, ce pilotage tout en glisse se révèle très séduisant, la 300 SLR procurant des sensations à mille lieues du comportement stéréotypé des voitures de compétition. Il ne faut cependant pas s'attendre à des miracles face au chronomètre. Notre modèle d'essai obtiendra ainsi son temps de référence en 5"92, soit à près de deux secondes du record de la piste...

La Mercedes 300 SLR Scalextric n'est pas un missile mais elle s'avère plaisante à piloter.

Abarth 500 Assetto Corse Racer: pot de yaourt de compète
Après l’Abarth 500 de route, Racer propose sa déclinaison course, la 500 Assetto Corse. Le modèle se distingue essentiellement par ses bas de caisse plus agressifs et son aileron. Techniquement, Racer a doté l’Assetto Corse d’un moteur Flat-6 Slot.it placé en position longitudinale, en lieu et place du V12/3 qui équipait la version routière de l’Abarth 500. La marque italienne a ainsi tenté de d’abaisser le centre de gravité haut perché de la petite sportive du groupe Fiat. A noter que la voiture est livrée d’origine sans aimant. Autre équipement appréciable, les jantes arrière sont en alu. Reste que cette Abarth est aussi une voiture de vitrine. Mais là, déception. Si le vernis est parfait, il n’en est pas de même de la pose des décalcomanies. Ainsi le fond blanc du numéro de la porte gauche de notre modèle présente une boursoufflure disgracieuse. Ajoutons à cela que les vitrages, en lexan, sont mal collés, et que la bannière Abarth qui orne le haut du pare-brise, en décalcomanie, n’est pas protégée et résistera par conséquent mal aux chocs et aux outrages du temps. Bon point en revanche dans ce même registre pour Racer, les rétroviseurs et l’aileron sont moulés dans un plastique souple qui les rendra moins sensibles aux impacts.

Jantes arrière en alu, moteur Slot.it Flat-6, Racer a vu les choses en grand pour sa petite Abarth.

Étonnante efficacité
Sur la piste, les modifications mécaniques apportées par Racer apparaissent bénéfiques, puisqu’il est possible d’attaquer avec cette Assetto Corse, ce qu’il était impensable de faire avec l’Abarth 500 routière, cette dernière ayant un vilain penchant pour les roulés-boulés. Pour une meilleure stabilité en virage, nous avons légèrement desserré le berceau moteur. Impossible d’en faire autant avec la carrosserie sans que les pneus ne frottent dans les ailes. Mais malgré cela, la petite italienne fait montre d’une belle efficacité pour une voiture de son format. Ses pneus arrière d’excellente facture lui confèrent une très bonne accroche. Accroche dont il est possible de tirer parti grâce à la souplesse exemplaire du moteur Flat-6. Ce dernier ne rechigne pas à la tâche malgré le poids assez élevé du modèle : 100 grammes dont 37 rien que pour la carrosserie, résine oblige. La vitesse de passage en courbe est impressionnante pour une auto aussi haute. Le chrono confirme ces bonnes impressions. Sur la même piste de test que la Mercedes 300 SLR, l’Abarth réalise un superbe 5''16, ce qui la situe dans les temps de référence des meilleures GT SCX, même si cela reste à plus d'une seconde du record de la piste. Aller plus vite tient de la mission impossible, car le gabarit tout en hauteur de la petite Racer finit par se rappeler à notre bon souvenir. Une fois la limite franchie, l’Assetto Corse se couche et part dans des séries de tonneaux très brutaux qui se révèlent souvent fatals pour les pièces rapportées, à commencer par l’aileron, dont les supports sont très fins.

Malgré sa hauteur, l'Abarth Racer avale les virages à une vitesse impressionnante.

Conclusion : une autre manière de concevoir le slot
Certains n’envisagent le slot que moyennant des voitures ultra efficaces, dont le comportement ne peut que difficilement être pris en défaut. Scalextric et Racer proposent respectivement avec la Mercedes 300 SLR et l’Abarth 500 Assetto Corse deux modèles qui tranchent avec cette conception stéréotypée du slot. Non ce ne sont pas des reines du chrono, mais cela n’en demeure pas moins des voitures fort intéressantes à piloter, qui se distinguent sur ce terrain où l’on ne les attendait pas. A contrario, elles déçoivent quelque peu dans ce qui devrait constituer leur domaine de prédilection, la qualité de finition...

FRANÇOIS TARDIN

samedi 6 février 2010

Nuremberg 2010, la crise encore et toujours...

L'édition 2010 du plus important salon du jouet du monde ne restera pas dans les annales du circuit routier. Peu de surprises, encore moins de nouveautés, et beaucoup d'absents...

Comme chaque année à pareille époque se tient actuellement le salon du jouet de Nuremberg. C'est l'événement incontournable pour tous les secteurs de l'industrie du jouet. C'est là que les marques présentent leurs programmes et définissent les tendances de l'année. En général, les nouveautés fusent de tout bord et les passionnés ne savent plus où donner de la tête. 2010 rompt avec cette tradition. Peu de nouveautés, beaucoup d'absents, et une couverture médiatique laissant à désirer, la crise est passée par là. Habituellement, Slotcarillustrated et Slotforum, les deux principaux forums anglophones, couvraient l'évènement en direct grâce à des reporters sur place. Dès les premières heures d'ouverture du salon, ces derniers mettaient en ligne les premières photos. Rien de cela cette année. Sur les forums, les newseurs fébriles auront dû attendre la fin de la première journée pour voir les premiers clichés timidement apparaître sur le site du magasin anglais MRE. Étonnamment, c'est d'Espagne et du forum SlotDigital qu'est venu le reportage le plus complet sur le salon allemand. Malheureusement, le reporter sur place ne bénéficie manifestement pas d'un très bon matériel et ses photos sont floues pour la plupart. L'on ne peut donc pas parler de couverture médiatique à la hauteur de l'événement. A moins que ce ne soit l'événement qui ne soit pas à la hauteur?


Des programmes modestes

Slotforum et Slotcarillustrated ne s'y sont en effet pas trompés, le millésime 2010 de la "Spielwarenmesse" ne vaut pas vraiment le déplacement. La crise n'est pas terminée et les perspectives d'avenir ne sont pas réjouissantes. Pour faire des économies, SCX, qui est pourtant l'un des principaux constructeurs de voitures de circuit routier, a décidé de ne pas se rendre sur place. Idem pour MRRC. Nulles traces non plus de Sloter et de Power Slot. Mais là, c'est encore plus grave, puisque les rumeurs concernant les faillites de ces deux constructeurs vont bon train. Du côté des marques présentes aussi, la confiance n'est pas de mise. Les programmes 2010 de la plupart d'entre elles sont ainsi bien modestes. Revell présente comme seul nouveau modèle une Opel Ascona 400. Même constat chez AutoArt, dont la seule nouveauté slot est la Lancia Fulvia 16 HF du Monte Carlo 1972. NSR se contente pour sa part de montrer une énième classique, la Ford GT40. Une GT40 que l'on retrouve chez Slot.it aux côté de la nouvelle Toyota 88C, le seul autre moule inédit annoncé pour 2010 par la marque transalpine, dont le système digital Oxygen ne semble par ailleurs toujours pas en mesure d'être commercialisé. Chez Flyslot aussi, le lineup 2010 apparaît réduit. Les Espagnols n'avaient emmené en Allemagne que les masters de leur future Alfa TZ2 ainsi que d'un nouveau Daytona Prototype, la Doran Ford JE4.

Slot.it (en haut à gauche), FlySlot (en haut à droite), Revell (en bas à gauche)
et NSR (en bas
à droite), peu de news chez la plupart des marques. MRE

La foire du doublon
Pire, certains constructeurs semblent avoir stagné depuis l’année dernière. C'est le cas de la marque tchèque Faro, dont la Skoda Fabia S2000, déjà présente à l'état de prototype en 2009, n'est toujours pas prête. Idem du côté de Spirit, qui n'a pas progressé d'un iota sur sa BMW Série 3 WTCC. Autre tendance, Nuremberg 2010 se profile comme le salon des doublons. Les lineup 2010 des constructeurs n'étant déjà pas très fournis, le phénomène est d'autant plus dérangeant. C'est ainsi que l'Audi R8 LMS est annoncée au 1/32 par non moins de trois marques: Scalextric, Carrera et Ninco. Phénomène similaire en ce qui concerne la BMW M3 GT2, qui sera reproduite par Carrera et SCX. A noter que la GT bavaroise sera aussi proposée au 1/24 par Scaleauto. Du doublon, on en trouve aussi chez Racer, puisque le seul modèle inédit montré par la marque italienne à Nuremberg est la Ferrari 250 GTO, déjà commercialisée par le passé par Pink Kar, Fly et Scalextric.

Scalextric (en haut à gauche), Ninco (en haut à droite) ou encore Carrera (en
bas), l'Audi R8
LMS est sur tous les stands! MRE/WOLFSCORNER

Au 1/32 par Carrera (en haut), au 1/24 par Scaleauto (en bas), la BMW M3
GT2 est déclinée à toutes les sauces! WOLFSCORNER/ITALIA SLOT


Les résineux à la fête
Heureusement, certaines surprises viennent embellir ce tableau peu encourageant. C'est ainsi que l'on apprend que MSC, un constructeur espagnol spécialisé dans les châssis et pièces de compétition, se lance dans la production de voitures. Trois modèles au 1/32 sont annoncés: la Subaru Impreza WRC 1998, la Ford RS200 et la MG Metro 6R4. Autre équipementier à franchir le pas de la fabrication d'une voiture à part entière, Sloting Plus dont la Reynard 2KQ est présente en Allemagne sous une forme qui semble proche de la commercialisation. Du côté des artisans de la résine aussi, l'optimisme règne. Le Mans Miniatures dévoile ainsi un programme 2010 qui a de quoi faire pâlir bien des grands constructeurs, programme dont le modèle le plus emblématique est l'Alpine A220. On n'oubliera pas la Jaguar XJR-14, la Porsche 935, la Porsche 911 2.7 RS, l'Alpine A310, et la liste n'est pas exhaustive! Chez les Espagnols de Top Slot, l'on sait comment s'y prendre pour séduire ses hôtes allemands. L'artisan annonce en effet trois Mercedes à son catalogue : les 540K Cabriolet de 1936 et Special Roadster de 1939, ainsi que la monoplace carénée W196 R de 1955.

La Ford RS200 MSC (en h. à g.), la Reynard 2KQ Sloting Plus (en h. à dr.), la Mercedes 540K Top Slot
(en b. à g.), et la gamme LMM
(en b. à dr.), les petites marques sont à la fête. ITALIA SLOT/MRE

2010, l’année Carrera?
Du côté des grands constructeurs enfin, il n'y a guère que Carrera qui paraisse en forme. Mais quelle forme! Galvanisée par l'accord d'exclusivité qu'elle vient de signer avec Ferrari, la marque allemande présente un programme 2010 très riche en nouveautés, pour la plupart des modèles originaux et inédits. Opel GT Steinmetz, McLaren M20, Porsche 917/30, Ferrari 458 Italia, Mercedes SLS, la liste est trop longue pour être détaillée en entier. L'on ne pourra cependant s'empêcher de s'extasier devant le réalisme époustouflant de la Red Bull RB5 reproduite par les Allemands, qui outre cette kyrielle de nouvelles voitures, élargissent encore leur gamme d’accessoires destinés au système Digital 132, pour lequel une gestion de course est désormais disponible. Bref, Carrera choisit d'être confiant en l'avenir du slot et cela se voit. A noter toutefois que le constructeur germanique se diversifie et se lance dans le grand bain du modélisme radiocommandé avec sa gamme Carrera RC. Ne pas mettre tout ses œufs dans le même panier, c'est aussi le calcul effectué par la marque Ninco, qui investit elle aussi le secteur de la RC. Ninco dont le lineup 2010 ne compte par ailleurs que deux nouveaux modèles au 1/32. Outre l'Audi R8 LMS, c'est la Lamborghini Diablo GTR qui fera l'actualité des Espagnols en cette année de disette sur le plan du digital, puisque Ninco ne présente aucune nouveauté majeur pour son système. Bonne nouvelle sur le plan mécanique en revanche, Ninco se met enfin aux châssis à berceau mobile! La Ford GT, l'Audi R8 ainsi que les Lamborghini Diablo et Murcielago pourront en être équipées en option.

Opel GT (en haut à gauche), McLaren M20 et Porsche 917/30 (en haut à droite),
Red Bull RB5 (en bas), que de news chez Carrera! WOLFSCORNER

Une lutte pour la survie
Quelques exceptions mises à part, les constructeurs semblent faire le dos rond en attendant des jours meilleurs. Cela explique le faible nombre de nouveautés dévoilées cette année dans les allées du plus grand salon du jouet mondial. Seules les marques dont le créneau est bien défini - le luxe pour Racer, la compétition pour NSR et Slot.it, le grand public pour Carrera et Scalextric, etc - apparaissent en mesure de surmonter ce marasme économique qui n'épargne pas le secteur du circuit routier. Pas sûr dans ce contexte que tous les constructeurs présents cette année à Nuremberg soient encore là l'an prochain...


FRANÇOIS TARDIN