jeudi 3 septembre 2009

Attention, sloter peut gravement plaire à votre entourage

Les sloteurs souffrent d'une image de grands enfants attardés. Pourtant, lorsque ceux qui véhiculent cette image s'essayent à cette activité, il est rare qu'ils n'y prennent un certain plaisir. Illustration.

Comme la plupart des autres domaines modélistiques, le slot-racing souffre d'un déficit d'image chronique. Aux yeux du monde extérieur, et ce parfois jusque dans leur entourage, les personnes qui pratiquent cette activité sont facilement catégorisées comme des "beaufs" sectaires pratiquant un loisir crétin, des "no-life" tout juste bons à faire les choux gras d'émissions de société voyeuristes. Pourtant, lorsque le slot est présenté sous un jour plus favorable, il n'est pas rare que les gens qui à priori relayeraient ce type de conception se rendent compte de l'attrait du côté ludique du circuit routier. C'est ce que j'ai pu constater en observant les réactions de plusieurs personnes proches de moi qui se sont, un jour ou l'autre, essayées au slot. Florilège de ces réactions, de la plus timorée à la plus enthousiaste.


Le tonton

C'est un soir d'hiver. Toute la famille est ce jour-là réunie pour l'une de ces interminables fêtes de fin d'année. Une fois le repas englouti, tandis que les uns continuent à discuter autour de la table à manger, les autres se dégourdissent les jambes pour digérer. Parmi ces derniers, il y a Thierry, mon oncle. Alors qu'il franchit la seuil de la porte de ma chambre, il se rend compte de la présence d'une piste dans le fond de la pièce. C'est un petit circuit "A1 Grand Prix" Scalextric que j'ai monté pour faire des essais, dont le tracé se résume à un "8" à peine amélioré. Percevant son intérêt, je lui demande s'il veut essayer. Il me répond alors "pourquoi pas". Une fois qu'il s'est emparé du manche, l'une des deux gâchettes vendues avec le coffret, Thierry s'applique pour tenter de boucler un tour sans envoyer sa voiture dans les décors. La mission n'est pas aisée. En effet, les pneus d'origine qui équipent les A1 GP Scalextric ne sont pas très adhérents. Sur le faible grip de la piste Scalextric Sport, cette caractéristique est rédhibitoire. Surtout que ce jour-là, la piste est poussiéreuse. Bref, piloter dans ces conditions se révèle un jeu de dextérité ardu pour un débutant. Incapable de maintenir sa monoplace rétive sur la piste, Thierry va assez rapidement perdre patience. "C'est des savonnettes ces bagnoles", grogne-t-il en riant, avant d'ajouter: "J'arrive pas à faire un tour! C'est rigolo de partir en survirage dans toutes les courbes, mais ça demande beaucoup trop d'adresse pour mes gros doigts de maçon". L'expérience n'aura finalement duré en tout et pour tout qu'une petite dizaine de minutes. Mon oncle Thierry se sera malgré tout bien amusé, même s'il n'aura pas joui des conditions idéales pour se faire une idée représentative du comportement d'une bonne voiture de circuit routier. Il n'en reste pas moins que cet épisode demeurera dans ma mémoire comme un fort sympathique moment d'échange intergénérationnel.

Mon oncle Thierry aura toutes les peines du monde à maintenir les A1 GP Scalex sur la piste. SRP

Le couple d'ami
Mon pote Edmond, c'était le genre à me demander si j'étais libre le mercredi soir quand je lui parlais de mes "petites voitures". Il ne comprenait pas comment un mec comme moi, étudiant en Histoire contemporaine pouvait encore, à 25 ans, consacrer autant de temps à ce qu'il considérait comme des jouets. Mais un jour, mon pote Edmond a débarqué à la maison, accompagné de sa charmante amie, Émilie. Après le repas, alors que je fais visiter la maison, Edmond aperçoit le circuit Carrera que nous possédons avec mon frère. Il me demande s'il peut essayer. Sans illusion, j'allume l'alimentation et lui met une Slot.it entre les mains. Idem pour Émilie. Et là, surprise, les deux se prennent immédiatement au jeu. Concentrés, ils accumulent les tours. Le stade de la découverte dépassé, le rythme augmente, et le couple commence à se tirer la bourre. J'improvise alors une petite confrontation. Les 50 tours à couvrir donnent lieu à une lutte d'une grande intensité. Si la bonne humeur reste de rigueur, les vannes fusent entre les deux pilotes débutants. "Tu te traînes", lance Edmond à Émilie, qui lui rétorque, à raison: "Ouais, mais moi je ne sors pas tous les tours". Et en effet, au grand dam d'Edmond, c'est Émilie, plus appliquée, qui remporte la course haut la main, avec deux tours d'avance. Elle aura roulé plus lentement mais réussi à adopter un rythme régulier. Au contraire, Edmond, grand frimeur devant l'éternel, plus rapide sur un tour que sa compagne, ne parviendra jamais comme elle à enchaîner plusieurs tours sans sortir. Il n'empêche que, depuis, à chaque fois qu'il passe à la maison, Edmond me demande s'il peut faire du slot...

Edmond et sa compagne Émilie se sont immédiatement pris au jeu. SRP

Ma chérie
Contre toute attente, c'est Sylvie, ma chérie, qui s'est montrée la plus réceptive aux joies du slot. Avant de sortir avec elle, j'avais plusieurs fois décliné des invitations "parce que j'avais compète". Pourtant, lors de mes discussions avec elle, je n'avais jamais vraiment évoqué ce loisir dont je n'étais pas particulièrement fier. Le caractère "beaufesque" que peut revêtir le slot lorsqu'il est pratiqué sans recul me pousse en effet à être généralement discret sur la pratique de cette activité auprès de mon entourage. Mais à ma grande surprise, c'est Sylvie elle-même, devenue entre temps ma compagne, qui m'a poussé à reprendre le slot après une interruption de quelques mois. Non contente de m'enjoindre à recommencer cette activité qu'elle savait importante pour moi, elle s'y est intéressée. C'est ainsi que, lors de sa première expérience slotistique, sur la piste que je possède avec mon frangin, elle se montrera non seulement fort enthousiaste, mais en plus très assidue, couvrant la bagatelle de 600 tours aux commandes d'une Corbra Ninco. C'était il y a un peu moins de six mois. Depuis, lors d'une visite à la boutique parisienne "Slot and Go", ma belle, en grande amatrice de "Béhèmes", a craqué pour une 320 WTCC de SCX. Elle s'est en outre vu offrir par l'un de mes amis une Cobra MRRC préparée par ses soins, montée sur un châssis Ninco. Une voiture qu'elle trouve non seulement mignonne mais aussi fort agréable à conduire. Son approche du pilotage est très réflexive. Elle ne cherche pas la performance à tout prix, mais la constance. "Quand je regarde le chrono, je sais que je sors dans la foulée", explique-t-elle. Et rien de l'énerve davantage que de sortir de la piste pour une raison qu'elle ne comprend pas. Dès lors, elle n'essaye pas d'adopter un rythme qu'elle se sent incapable de tenir sans faire d'erreur. Ce qui ne l'a pas empêchée de signer son meilleur temps en 4"34, à la gâchette d'une Toyota GT-One Scaleauto qui détient le record absolu de notre en piste en 4"01.

Ma chérie en train de régler la Cobra qui lui a été offerte par l'un de mes amis. SRP

Musique d'avenir
Prochaine étape pour Sylvie, les débuts en compétition. Cela se fera très probablement dans le cadre du Championnat d'Endurance romand, qui offre aux pilotes débutants l'opportunité de concourir aux côtés de sloteurs émérites dans une ambiance détendue. "Mais pas avant que je me sente capable de finir mieux que dernière", tempère-t-elle avec vigueur! Affaire à suivre.

FRANÇOIS TARDIN

2 commentaires:

Buddah a dit…

J'adore ce petit article mon grand!

Unknown a dit…

Espérons que j'en trouve une comme mademoiselle Sylvie XD. merci pour ces impressions et bonne continuation à toi et à ce super blog!
sincères salutations
forza_alfa(vincent)