samedi 15 mai 2010

Mercedes SLR 722 GT Scalextric contre Carrera: duel anglo-germanique

La SLR 722 GT est la variante compétition d’une supercar anglo-allemande. Normal donc que les seuls constructeurs à en proposer une reproduction au 1/32 soient les Teutons de Carrera et les Britons de Scalextric. Nous avons comparé leurs interprétations respectives de cette Mercedes hors du commun.

Scalextric C3010 (en haut) et Carrera 27298 (en bas): Mercedes SLR McLaren 722 GT

Supercar bourgeoise
La Mercedes SLR McLaren est la transposition routière du partenariat exclusif qui lia longtemps McLaren à Mercedes en F1. Elle est aussi l’incarnation des tensions entre ces deux partenaires prestigieux. Alors que McLaren voulait créer une digne descendante de sa terrible F1 GTR motorisée par BMW, Mercedes imposa sa vision d’une supercar bourgeoise à moteur avant. Ces divergences débouchèrent sur un produit peu abouti qui, s’il parvint à séduire certains rappeurs américains, ne convainquit jamais les amateurs de vraies sportives. L’histoire de la version course de cette voiture n’est guère plus glorieuse. Développée par RML - la structure qui se charge notamment d’engager les Chevrolet en WTCC - et destinée à une coupe monotype baptisée "SLR Trophy", la SLR 722 GT fut à peine en mesure d’améliorer le chrono de la meilleure des SLR routière sur le très sélectif tracé du Nürburgring. Le SLR Trophy fut malgré tout organisé durant la seule et unique saison 2008, dans une indifférence médiatique quasiment générale malgré la présence d’anciens pilotes de F1 comme Jacques Laffite.

La SLR 722 GT à l'échelle un en tests sur le tracé du Nürburgring. MERCEDES-BENZ

Deux interprétations à la loupe
Les fabricants Carrera et Scalextric proposent chacun leur propre interprétation de cette voiture de compétition qui, si elle n’a pas brillé par ses performances au cours de sa brève carrière, pourra malgré tout revendiquer à la postérité une ligne ravageuse. Tant pour Scalextric que pour Carrera, la SLR 722 GT est un modèle stratégique. La marque allemande s’apprête à décliner sa version dans la majorité des livrées du SLR Trophy, tandis que Scalextric a fait de son interprétation l’emblème de sa gamme 2010 - chaque année, la marque anglaise produit une série limitée de deux cents "range presentation cars" qu’elle offre à ses principaux revendeurs. A noter que la SLR 722 GT est également la voiture 2010 du Club Scalextric. Les deux miniatures qui font l’objet de cet essai se veulent, elles, des réductions de la voiture de présentation et de développement du SLR Trophy. Les deux modèles diffèrent sur certains détails. Les jantes et prises d’air ornant le capot de la Scalextric sont ainsi grises tandis que celles de la Carrera sont noires. L’observation des quelques photos de la voiture originale disponibles sur le net nous permet d’affirmer qu’aucune des deux marques n’est dans le faux. Elles ont simplement reproduit le modèle à différents stades de son développement. Reste que tant au niveau de la forme que des détails, la Scalextric s’avère plus fidèle. La Carrera ne démérite pas, et si ses jantes apparaissent plus réalistes, sa gravure est moins fine que celle de sa consœur britannique.

Les jantes de la SLR 722 GT Carrera sont plus fines que celles de la Scalextric.

Des châssis aux conceptions différentes
Une fois les vis les reliant aux carrosseries retirées - quatre pour la Carrera, six pour la Scalextric - l’on se retrouve en présence de deux châssis aux conceptions très différentes. La Carrera dispose ainsi d’un moteur placé en position longitudinale arrière, tandis que Scalextric, pour respecter l’architecture de la voiture originale, a positionné la motorisation à l’avant, là aussi longitudinalement. Notons que la SLR 722 GT Scalextric bénéficie par rapport à la SLR routière du même constructeur d’un nouveau châssis intégrant l’extracteur et les bas de caisse latéraux. De plus, le pare-chocs avant fait désormais partie intégrante de la carrosserie, alors que sur la SLR routière il en était indépendant et fixé au châssis. La position du moteur est en revanche restée inchangée, et la transmission de la puissance vers le train arrière se fait donc toujours via un très long arbre maintenu par un palier. Au niveau des matériaux retenus pour les composants mécaniques, Scalextric et Carrera ont encore fait dans le bas de gamme, puisque l’on est ici dans le règne du tout-plastique. A contrario, bon point à mettre à l’actif des deux constructeurs, les deux modèles sont équipés d’éclairages avant et arrière. Malheureusement, leur présence se ressent sur la balance puisque la Scalextric accuse 92 grammes tandis que la Carrera n’est séparée du quintal de grammes
que d’une toute petite unité !

Carrera (à gauche) et Scalextric (à droite) ont opté pour deux implantations du moteur différentes.

Le verdict du chrono : Scalextric devant Carrera
C’est la Scalextric la première qui foule le plastique de notre piste Carrera de test, longue d'un peu moins de quinze mètres et alimentée en douze volts. Sur une piste encore froide et sans aimant, la Mercedes anglaise se signale d’entrée par un comportement très sain. L’accroche de ses gommes est remarquable. En revanche, les lignes droites mettent en évidence un cruel manque de vitesse de pointe. De même, les accélérations ne sont pas foudroyantes, loin de là. Si le moteur Mabushi trouve si rapidement ses limites, ce n’est pas forcément en raison du poids de l’engin, mais plutôt à cause des frottements générés par le long axe liant le moteur à la transmission. Malgré cela, fait remarquable pour une auto dans cette configuration mécanique, la SLR 722 GT Scalextric fait preuve d’une belle stabilité. Si son volumineux postérieur a une légère tendance à faire des écarts en entrée de virage, la voiture se réaligne très vite. Cette tendance au survirage n’est donc aucunement parasite, et confère finalement une certaine sécurité de pilotage. Attention toutefois de ne pas s’emballer car l’auto, en raison de son centre de gravité élevé et de l’excellente accroche de ses gommes, a tendance à se mettre sur deux roues. Au final, avec une carrosserie légèrement desserrée, la SLR 722 GT Scalextric ne parviendra pas à faire mieux que 5''46, ce qui la place à quatre dixièmes des meilleures productions SCX. Mais si les temps ne le démontrent pas forcément, le potentiel semble bien là. Nul doute qu’un moteur plus véloce et adapté à cette transmission gourmande en énergie parviendrait à la rapprocher significativement de la barre des 5''. Belle prouesse pour une voiture à moteur avant.

La SLR 722 GT Scalextric bénéficie d'un comportement routier très sain.

La Carrera est plus fougueuse. La faute à une monte pneumatique qui ne parvient pas totalement à canaliser la puissance pourtant modeste de son moteur E200. Pour ne rien arranger, ce dernier manque cruellement de frein, et la liaison étriquée du châssis à la carrosserie empêche de desserrer correctement cette dernière, et ainsi d’améliorer le comportement de l’auto. Il en résulte une tenue de route approximative. Les virages se concluent souvent dans un majestueux travers, ce qui n’est jamais très profitable aux performances. Ce d’autant plus que cela affecte les relances en début de ligne droite, puisqu’il faut attendre d’être à nouveau bien en ligne pour remettre les gaz. En nettoyant soigneusement les pneus, l’on parviendra malgré tout à accrocher un 5''64. Impossible toutefois de tenir ce rythme bien longtemps, car rapidement les temps au tour repassent au dessus de la barre des 6''. En somme, c’est surtout en raison de ses gommes inadaptées que la Carrera s’incline face à la Scalextric, et ce malgré une architecture à moteur arrière pourtant plus propice à la performance. Difficile cependant de pardonner aux Allemands de Carrera que leurs productions soient équipées de pneus inefficaces sur leurs propres pistes. Ceux équipant cette SLR 722 GT sont encore moins adhérents que ceux des DTM de la marque que nous avions testées en fin d’année dernière.

Il est rare que l'arrière de la SLR 722 GT Carrera soit aussi bien aligné que sur cette photo.

Conclusion: victoire Scalextric
A l’image de leur modèle échelle un, les SLR 722 GT Scalextric et Carrera ne sont pas des avions de chasse. Elles n’en distillent pas moins un certain plaisir de pilotage. C’est particulièrement le cas de la Scalextric qui, excepté son moteur peu brillant, fait montre de belles capacités en piste malgré une architecture peu propice à la performance. La Carrera, elle, déçoit un peu, avec un moteur mauvais freineur et surtout, des pneus à l’adhérence catastrophique.

En raison de son comportement moins sain et de ses formes moins fidèles, la Mercedes SLR 722
GT Carrera (au premier plan) doit s'incliner face à sa jumelle de chez Scalextric (au second plan).

FRANÇOIS TARDIN

1 commentaire:

Unknown a dit…

Au club se Saint-Nicolas, nous roulons avec des Carrera DTM avec des Slot.it P6 à l'arrière. Excepté un manque de frein évident, ces voitures sont plaisantes à piloter.